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#F4TWebinar 1 – Dialogue d’experts: Risque climatique et Banque

Finance for Tomorrow lance sa première édition de Webinars ! Si vous n’étiez pas au rendez-vous, retrouvez les vidéos en replay !


Ce premier épisode a rassemblé virtuellement 80 personnes et a été l’occasion de présenter  la dernière étude d’I4CE et échanger autour de la question :

« Quelle intégration des risques climatiques dans les exigences de fonds propres des banques ? »

Le débat a été animé par Pierre Alix Binet, Responsable des programmes et du développement, Finance for Tomorrow, avec la participation de :

  • Julie Evain, Cheffe de projet – Finance, investissement et climat, I4CE
  • Michel Cardona, Conseiller Senior – Secteur financier, Risques et Changement climatique, I4CE.
  • Karen Degouve, Responsable du développement Finance Durable, Natixis.

L’objectif d’I4CE a été d’apporter des éléments de clarification quant au contexte et objectifs de leur dernière étude « Intégrer les risques liés au climat dans les exigences de fonds propres des banques » .
Dans un débat polarisé, la réflexion s’est concentrée sur un comparatif entre Approche par le risque et Approche par la politique économique. Approches dont découlerons par la suite des outils d’intégration différents. Si l’approche Risques vise à protéger le système bancaire des risques climatiques, garantissant ainsi la stabilité financière, l’approche de politique économique utilise les exigences de fonds propres comme outil pour canaliser les flux financiers vers une économie bas-carbone sans suivre une logique de risque. Dès lors, la mise en place simultanée des deux approches semble créer des tensions dans l’élaboration de l’ajustement des exigences de fonds propres pour certains types de financements. Privilégier l’un de ces deux objectifs serait alors nécessaire.
Pour les deux approches, une taxonomie commune apparaît comme un outil utile (approche risque) et comme une condition préalable (approche politique économique).

Par la suite, Karen Degouve, a présenté les objectifs, méthodologies et impact du Green Weighting Factor (GWF). Le GWF est l’un des instruments réglementaires « globaux » qui vise à accélérer la transition des activités « brunes » vers des activités « vertes ». Pour cela, il fait la liaison entre l’allocation interne des fonds propres et le degré de durabilité de chaque actif. Basé sur un système de notation environnementale à 7 niveaux, le GWF cherche ainsi à intégrer le risque de transition climatique dans l’évaluation du risque global des financements.

Pour retrouver l’intégralité du Webinar c’est par ici !

Nos experts ont répondu aux questions des participants:

1/Pouvez-vous citer quelques exemples concrets de banques ayant opté pour l’une ou l’autre des deux approches ? A ce jour et à notre connaissance seule Natixis a mis en place un tel instrument en France. Les autres instruments présentés demeurent théoriques à ce stade.

2/ Une approche en risques renvoie la responsabilité aux modèles internes des banques et divergences éventuelles entre les banques ? – rôle du superviseur ? Dans le rapport, s’agissant de l’approche risque, nous n’avons pas fait la distinction entre les banques suivant la méthode standard et celles utilisant leurs modèles internes. En effet, les mêmes difficultés conceptuelles existent dans les deux cas : comment traiter l’incertitude radicale du changement climatique et étendre l’horizon de l’approche risque au moyen et long terme. Dans le cas des modèles internes, comme c’est déjà le cas actuellement, il faudrait en plus assurer une cohérence minimale des approches retenues sous le contrôle des superviseurs. Ce serait une difficulté supplémentaire.

3/Sait-on ce qui se trame au niveau des réflexions de la CE en termes de GSF? A ce jour, hormis l’action prévue par le Plan d’Action et le mandat donné à l’EBA d’étudier la question sont les seuls éléments officiels dont on dispose. Néanmoins la nouvelle Commission semble vouloir approfondir le travail déjà réalisé par la précédente avec le Plan d’Action, et il est possible qu’elle adopte une approche volontariste suite à la consultation sur la finance durable. 

4/ La nature du risque climatique n’est-elle pas systémique ? auquel cas ce risque ne pourrait-il pas être appréhendé via le coussin contracyclique ? Il y a un large consensus au sein des superviseurs pour considérer effectivement que le changement climatique représente un risque systémique pour le secteur financier. Dans ce cadre, il serait tout à fait logique de réfléchir à l’utilisation d’outils macro-prudentiels, notamment le coussin de capital contracyclique (mais d’autres pourraient également être considérés). Au surplus, comme il apparaît très difficile à ce jour d’intégrer le risque climatique dans les instruments prudentiels visant à renforcer la résilience individuelle des banques (comme les exigences de capital), il serait intéressant de regarder si l’approche macro-prudentielle (du type coussin contracyclique) serait plus facile à mettre en œuvre.

5/ Que peut-on tirer des expériences des supporting factors sur les PMEs et les infrastructres (Special Lending Exposures)? S’agissant du facteur de soutien aux PMEs, les études sont peu nombreuses et ne concernent que quelques pays. Celles dont on dispose concluent soit que la mesure n’a pas eu d’impact, soit que l’impact a été hétérogène selon la taille de l’entreprise et que les entreprises les plus petites n’ont pas vu leur accès au financement facilité. Au regard de cet impact relativement faible, on peut s’interroger sur la calibration du facteur de soutien aux PME : était-il suffisant pour avoir un impact significatif ? Le facteur de soutien aux infrastructures n’étant pas encore pleinement rentré en application, nous n’avons pas de retour sur son impact potentiel.   

6/ Bonjour. Avez-vous intégré ce qui se fait déjà hors de France ? Il me semble qu’ING aux Pays-Bas est aussi innovante que Natixis en France ? Pour l’étude nous avons regardé les initiatives publiques existantes dans différents pays, notamment en Chine, au Bangladesh et aux Pays-Bas. Nous avons également étudié les facteurs de soutien mis en place au niveau européen. En revanche, nous n’avions pas connaissance de ce que faisait ING lors de la phase d’entretiens l’an passé.

7/ Le ERWA a-t-il bénéficié des méthodes qui sont utilisées pour calculer le risque nucléaire ? notamment au niveau de l’évaluation des externalités en cas d’occurrence du risque ? Le ERWA a été développé par des universitaires italiens. Nous ne savons pas de quelles méthodes il se sont inspirés.

8/ Qu’est-ce qui empêcherait en théorie (en imaginant un volontarisme du comité de Bâle et des régulateurs qu’ils n’ont pas à ce jour) d’utiliser une approche similaire dans les approches réglementaires de modulation des fonds propres Une approche de type de celle développée par Natixis pourrait en principe être reprise par la réglementation prudentielle. Elle se heurterait néanmoins à une difficulté majeure : compte tenu des différences de structure dans les portefeuilles des banques, comment atteindre pour chaque banque la neutralité en exigence globale de capital respectée par Natixis en imposant à toutes les banques un jeu uniforme de coefficients d’ajustement des facteurs de risque ?